Résultats du sondage sur le lobbying d’intérêt général
Nous avons reçu à date du 20 décembre 579 réponses ! Un énorme merci pour votre engagement et votre intérêt sur ce sujet.
Nous avions laissé deux champs libres pour des idées et questions et nous avons eu au total 223 commentaires avec des idées, des questions, des critiques, des bonifications ou des encouragements. Pas mal de lecture ^^
Aussi plusieurs sociétaires ont réagi sur cet autre article sur le forum.
Voici les résultats en image :
Présentation des résolutions soumises au vote de l’AG
Nous avons demandé votre avis pour :
- Nous rassurer sur votre adhésion à une stratégie de plaidoyer que nous réalisons déjà depuis plusieurs années et que nous voulons renforcer.
- Prendre la température sur différentes propositions pour financer cette stratégie afin de nourrir notre réflexion pour la rédaction des résolutions.
Ainsi voici les résolutions que nous allons proposer aux votes de l’AG qui sont directement inspirées de ces réflexions :
Résolution 1 : Vote de principe
L’Assemblée Générale reconnaît que le lobbying d’intérêt général constitue l’un des vecteurs d’impacts majeur de la SCIC et décide donc de sanctuariser un budget récurrent pour renforcer cette action.
Résolution 2 : Modification des statuts, avec l’ajout de la phrase suivante à la fin du préambule :
« Utiliser sa légitimité économique pour influencer la construction des cadres réglementaires dans le sens de l’intérêt général. »
Résolution 3 : Modification des statuts avec l’ajout de cet article :
Chaque année le Conseil d’Administration définit un budget dédié au lobbying d’intérêt général, avec pour objectif de le maintenir au minimum à 1% du chiffre d’affaires. Le Conseil d’Administration peut toutefois réévaluer ce pourcentage à la hausse comme à la baisse en fonction de la santé financière de la coopérative.
Commentaire global sur les résolutions et le sondage
Au regard des résultats du plébiscite (plus de 92%), la première et la seconde résolution de l’AG devraient donc faire largement consensus.
Malgré ce fort taux d’adhésion, nombreux ont été les commentaires pointant des préoccupations, notamment sur les questions de l’attractivité de nos prix ou de la viabilité économique de notre coopérative. Bien évidement, il n’est pas question que cet axe, aussi stratégique soit-il, mette en péril la coopérative !
Il est important de noter que si nous avons lancé cette réflexion cette année car nous sentons notre coopérative sur la bonne voie. Après plusieurs exercices avec une forte croissance mais en cumulant des pertes, nous terminons celui-ci largement en positif (~70K€) et nos prévisions pour l’exercice en cours nous laissent penser que nous le serons encore sur celui-ci. Pour autant, il ne faut pas relâcher nos efforts et notre vigilance pour être capable de mener de front ce nouvel axe stratégique et tous les autres établis pour 2024-2025. Notamment celui de l’augmentation des salaires au sein de notre coopérative.
Ainsi, au regard des différentes préoccupations et débats au sein même de notre coopérative, nous proposons la résolution 3 qui nous permet une certaine prudence tout en affichant clairement notre ambition dans nos statuts.
Première proposition de stratégie de mise en œuvre
Si l’AG valide les différentes résolutions, voici une première ébauche de stratégie que nous allons continuer à affiner après l’AG.
Objectif 2035 : Arriver à 4 ETP dédiés au lobbying d’intérêt général de Commown en commençant idéalement dès fin 2025 par 1 ETP.
Phase 1 : Post AG 2025
Entre février et mars 2025 :
Mise en place d’une contribution libre et consciente mensuelle pour les contrats de locations actuels et à venir.
Juin 2025 :
- Bilan des contributions enregistrées par cet intermédiaire.
- Décision en Conseil d’Administration du budget réel allouable au lobbying d’intérêt général au regard de la performance de l’exercice en cours (comme prévu par les statuts).
De février à juin 2025 :
- Recherche d’autres sources de financement pour compléter ce budget.
- Réflexions menées sur les indicateurs d’impact associés au lobbying d’intérêt général.
Juin 2025 : Consultation de nos partenaires de plaidoyer historiques pour réfléchir aux meilleures stratégies de mutualisation à mettre en œuvre comme par exemple* :
- Création d’une fondation ou d’une association Commown,
- Fléchage de notre budget plaidoyer vers FairTEC ou les Licoornes, etc.
*A priori, il nous semble essentiel de conserver une expertise interne forte sur ce sujet notamment pour la complémentarité déjà observée avec nos différents partenaires. La consultation devrait permettre de nous le confirmer. Dans tous les cas, rien ne nous empêchera à l’avenir de ventiler notre budget entre différentes structures.
Juillet - Août 2025 : Formalisation d’un plan de structuration issu des consultations.
Phase 2 : Exercice 2025-2026
Septembre/octobre 2025 :
Validation de ce plan de structuration par notre Conseil d’Administration.
Fin 2025 début 2026 :
Mise en œuvre de ce plan et des indicateurs d’impacts associés.
Phase 3 : To be continued 
Présentation quantitative des commentaires du sondages
Commentaires d’encouragement global de stratégie : 63.
Préoccupations, points de vigilance exprimés : 58
Dont (non exhaustif) :
- 24 sur le fait de ne pas augmenter les prix
- 16 sur la compétitivité, pérennité ou santé de la coop
- 6 sur la réelle efficacité de notre lobbying
- 5 sur la notion de ‹ lobbying › plutôt que ‹ plaidoyer ›
Bonifications / suggestions : 88
Dont (non exhaustif) :
- 20 sur la mutualisation des ressources avec d’autres organisations
- 9 sur le fait de créer une autre structure extérieure à Commown
- 8 sur le fait de combiner plusieurs options de financement
- 7 sur le fait de proposer un système de don ou contribution ponctuelle
- 5 sur le fait de former nos clients / sociétaires au lobbying local (ou national)
- 3 sur le fait de proposer un arrondi à l’Euro supérieur sur les mensualités
- 3 sur le fait de rechercher des financements extérieurs.
- 2 sur le fait de plutôt financer d’autres associations existantes
Contre proposition en opposition à notre stratégie : 7
Dont (non exhaustif) :
- 3 sur le fait de concentrer nos efforts sur l’amélioration de notre communication ou du bouche à oreille
- 2 sur le fait de ne pas embaucher mais de former toutes les personnes de la coopérative sur ce sujet ou faire appel à des bénévoles
Critique de la méthode de sondage : 6
Dont 3 sur l’aspect trop binaire de notre première question et une sur l’aspect biaisé des tournures.
Réponses aux questions posées dans les commentaires
Vous nous avez posé un nombre très significatif de questions !
L’interface de l’outil de sondage ne permet pas de vous faire des retours personnalisés. Voici donc un regroupement des différentes questions que nous avons eues et les réponses génériques que nous vous proposons.
1. Transparence et éthique
- Comment garantir la transparence des fonds investis dans ces démarches ?
- Si les problèmes viennent des lobbys, ne risquons-nous pas de devenir comme eux ? Comment garantir une régulation saine et éviter les biais dans l’intérêt général ? Qui privilégier dans ces actions, et sur quels critères ?
- Les activités et fonds investis seront-ils eux aussi transparents, consultables et contestables si besoin ?
La question de la transparence ou le fait de garantir l’intérêt général des causes défendues est fondamental chez nous. Nous pensons que notre statut de SCIC est justement parfaitement adapté pour éviter toute déviance malsaine.
Cette question est en lien avec la question 3 car elle est fortement liée au statut de la structure qui sera en charge de porter les actions de lobbying d’intérêt général. Durant la phase 1, proposée en haut de ce post nous identifierons les fonds alloués à cette stratégie dans nos bilans comptables et notre rapport d’activités annuel en attendant de mettre en place une autre structuration.
2. Sur le terme lobbying
- Pourquoi utiliser le mot « lobbying » plutôt que « plaidoyer » ? Peut-on envisager un terme alternatif à connotation moins négative ?
En interne nous avions historiquement l’habitude d’utiliser le mot « plaidoyer », mais au moment de réfléchir au sondage et aux résolutions associées, nous nous sommes rendus compte que nous ne mettions pas toustes la même chose derrière ce mot. Il nous semble beaucoup trop large. Par exemple, nous pourrions considérer que notre campagne pour le retour des cabines téléphoniques portée avec TeleCoop est une action de plaidoyer car elle cherche à modifier les imaginaires collectifs dans le but d’une transformation sociale.
Or nous souhaitions surtout augmenter notre pouvoir d’influence sur la construction des cadres réglementaires. Et il nous semble pertinent dans ce cas d’appeler un chat, un chat…
Il n’est pas exclu toutefois que nous venions à parler dans le cadre de notre communication extérieure de « plaidoyer », ce n’est pas encore tranché. Le mot est plus court que « lobbying d’intérêt général » et effectivement moins connoté négativement. Mais pour ce sondage et pour nos résolutions nous avons souhaité être le plus explicite possible.
3. Mutualisation et partenariats
- Pourquoi ne pas mutualiser les actions de lobbying avec d’autres structures et militer directement aux côtés d’acteurs déjà en place (FairTEC, APRIL, Enercoop, etc.) ?
- Ce poste pourrait-il être co-financé par d’autres acteurs de FairTEC ou mutualisé avec des coopératives partageant des valeurs similaires ?
- Se rapprocher d’autres commerçants alternatifs (comme Asphalte ou Loom) pour mutualiser vos actions de lobbying, partager des expériences, contacts, documents, analyses, etc. ?
- Pourquoi ne pas créer une entité distincte de la SCIC pour séparer services et lobbying ?
- Pourquoi ne pas se concentrer sur le développement de la coopérative et laisser le lobbying à des partenaires comme HOP ?
Nous arrivons ici sur la question de la meilleure stratégie de structuration à mettre en œuvre (voir la phase de consultation en haut de ce doc).
Mais l’axe de mutualisation sera bien-sûr considéré vu qu’on le fait déjà : une personne en alternance est déjà mutualisée pour FairTEC et un salarié en CDI pour les Licoornes. La mutualisation est durement inscrite dans notre ADN. Il s’agit ici de choisir la meilleure stratégie pour atteindre des objectifs collectifs.
Mais cela ne signifie pas pour autant de regrouper tous nos œufs dans le même panier. Voir ce commentaire de Lise du collectif de Green IT dans notre débat sur l’autre article.
4. Ciblage stratégique
- Est-il plus stratégique de cibler les géants technologiques, les gouvernements, l’UE ou les élus locaux ?
- Est-il envisageable d’avancer à pas de fourmi avec une présence sur le terrain plutôt que dans les institutions ?
Il est difficile de répondre à cette question tant elle dépend des sujets que l’on aborde.
Très souvent les actions au niveau local nourrissent des stratégies de plaidoyer au niveau national et peuvent influencer celles au niveau européen.
Dans le cas de l’indice de réparabilité au niveau national, par exemple, cela a très clairement influencé les réflexions lancées ensuite sur l’éco-conception au niveau UE. Inversement notre absence dans les échanges sur les discussions autour de l’étiquette énergie smartphone au niveau de l’UE s’est révélée un mauvais choix stratégique vis à vis de l’indice de durabilité… Pour rappel voir cet article sur ce sujet.
Enfin les attaques en justice contre les géants sont aussi essentielles pour faire avancer la réglementation (ou contrôler son application). Mais nous laisserons pour l’instant cela à d’autres.
5. Compréhension financière
- En quoi la différence de pourcentage entre 3 % ou 5 % a-t-il un impact sur la compétitivité de Commown ?
- Si l’on répartit également (et donc non équitablement) le coût d’un poste sur tous les clients, combien chaque personne devrait-elle contribuer ?
Le 3 % mentionné dans le sondage était proportionnel au chiffre d’affaires global alors que l’augmentation de 5% était proposée pour les futurs tarifs. Ces deux chiffres ne sont pas forcément comparables mais dans tous les cas ils peuvent affecter notre compétitivité de façon plus ou moins directe. C’est sans doute plus évident pour le 5%, car il aurait un impact direct sur l’augmentation de nos prix.
6. Modes de financement alternatifs
- Une campagne de crowdfunding ou d’appel aux dons pourrait-elle être envisagée ?
- Avez-vous étudié l’appel à communs de l’ADEME pour hybrider les contributions publiques et privées ?
- Pourquoi ne pas faire partie des structures bénéficiaires des donations des clients du Crédit Coopératif ?
- Serait-il éthiquement et techniquement possible de s’inscrire sur le moteur de recherche Lilo pour collecter des fonds ?
- Serait-il possible de proposer un arrondissement des mensualités sur la base du volontariat pour les contributions, comme cela se pratique dans certains commerces ?
- Est-il possible d’utiliser le budget destiné aux dons pour des structures travaillant sur le logiciel libre afin de soutenir temporairement la santé financière de Commown ?
Que ce soit dans vos questions où dans vos suggestions, vous nous avez donné plein de pistes. Nous en avions déjà envisagées certaines et d’autres pas du tout (comme l’exemple du Crédit Coopératif). Merci ! Nous nous pencherons sérieusement sur cet aspect durant la phase 1 du projet si l’AG valide les différentes résolutions.
7. Engagement des sociétaires et partenaires
- Comment les sociétaires et partenaires pourraient soutenir Commown en dehors des abonnements ?
- Est-ce que les étudiant·e·s engagé·e·s pourraient influencer leur administration pour passer à l’offre Commown ?
La première question rejoint la proposition de former nos sociétaires pour être en capacité de faire du plaidoyer décentralisé au niveau local ou d’avoir des bénévoles qui puissent nous aider ponctuellement sur certaines campagnes. C’est une excellente suggestion, en vrai c’est un peu notre objectif « rêvé » non avoué depuis un moment… Cela demandera d’animer efficacement ce groupe de travail. Pour l’instant nous n’avons pas encore la ressource, mais cela pourrait tout à fait s’inscrire dans le cadre d’un poste mutualisé avec l’animation du sociétariat… Mais il ne faudra pas y compter avant la phase 2 (voir la phase 3) à voir…
Pour les étudiantes, étudiants engagés c’est aussi une bonne idée… Avant que nous soyons structurés pour ce faire peut être que vous pouvez vous orienter vers l’association Latitudes
8. Perspectives long terme et offres
- Cette initiative s’inscrit-elle dans une perspective court terme ou à long terme ?
- Quelles sont les performances de l’offre professionnelle de Commown ? Peut-elle s’étendre aux administrations ou collectivités ?
- Les collectivités pourraient-elles être des partenaires exemplaires pour la location de matériel informatique durable ?
Comme exposé en haut de ce doc, cet axe s’inscrit dans le long terme : nous visons 4 ETP en 2034. Actuellement nous réalisons environ 50% de notre chiffre d’affaires sur les offres professionnelles et nous avons développé spécifiquement une offre pour les collectivités. Pour l’instant cette dernière manque de visibilité sur notre site web. Cela changera dans la future version du site qui devrait voir le jour en début d’année 2025.
9. Impact Commown
- Quel est l’impact environnemental et social de choisir vos services par rapport à l’achat d’un nouveau téléphone tous les deux ans ?
C’est LA question à laquelle il faut que l’on puisse répondre avec une approche la plus scientifique possible. Pour cela, nous sommes en train de réfléchir à la mise en place d’indicateurs spécifiques avec notre Conseil d’Administration. D’autre part, nous réfléchissons à monter un projet de recherche pour investiguer ces points dans les années à venir.
Nous avons un projet en cours avec Fairphone pour suivre dans le temps le taux d’usage des Fairphone de Commown en comparaison de ceux vendus par Fairphone. Les premiers chiffres sont très encourageant, nous aurons probablement un joli graphe d’ici fin 2025 !