> Pas vraiment, mais des efforts notables sont à souligner.
[À noter que cet article traite de la phase amont de la production des produits HP, nous avons aussi rédigé un article sur l’impact de l’utilisation des ordinateurs HP : voir cet article]
La problématique de la vente liée
L’ensemble des ordinateurs HP sont distribués sous Windows, sans possibilité d’acheter l’ordinateur sans licence Windows via la plupart des grossistes comme TD Synnex. Cela constitue une « vente liée », qui renforce l’hégémonie de Microsoft et limite les options des personnes soucieuses de choisir un autre système d’exploitation. Chez Commown, toutefois, nous pouvons vous fournir un ordinateur HP configuré sous Linux.
Une réparabilité variable, mais une sélection Commown
Les modèles d’ordinateurs HP qui font partie de notre sélection le sont en raison de leur réparabilité et de leur durabilité, des critères que nous jugeons essentiels pour prolonger leur cycle de vie et réduire l’impact environnemental de l’électronique.
La réparabilité des modèles HP peut varier selon la gamme. Chez Commown en revanche, nous sélectionnons exclusivement les modèles très réparables, en nous appuyant notamment sur les notes élevées de l’indice iFixit. Cela garantit que les ordinateurs HP proposés sont parmi les meilleurs de leur catégorie pour être entretenus et réparés sur le long terme. Cependant, HP ne fournissant pas de schéma technique de leurs appareils, cela complique grandement leur réparation. En outre, l’équipe Commown a constaté que sur les PC achetés neufs chez TD Synnex, la garantie constructeur pour les pros n’est valide que jusqu’à un an après l’achat, un délai court et peu rassurant.
De plus, les notes de réparabilité iFixit mettent en avant une majorité de modèles HP, ce qui pourrait influencer notre sélection et créer un biais dans notre approche, alors que notre objectif reste d’offrir un choix à la fois éthique et adapté à vos besoins. Ayant conscience de ce risque, nous faisons preuve de vigilance et essayons toujours de vous proposer les alternatives les plus pertinentes aux modèles traditionnels.
Des efforts environnementaux… à relativiser
Bien que HP soit loin de marques exemplaires comme Fairphone, son rapport d’impact 2023 témoigne d’efforts réalisés pour réduire l’empreinte écologique de ses produits. On peut citer par exemple :
- Une réduction de 27 % de son empreinte carbone entre 2019 et 2023, son objectif 2030 étant d’atteindre les 50 % et de neutralité carbone en 2040.
- L’incorporation de matières premières recyclées et renouvelables (plastiques issus des océans, entre autres, dans ses Elite Dragonfly).
- Une amélioration de la durabilité, de l’efficacité énergétique et de la réparabilité de ses produits.
- 59 % d’électricité renouvelable utilisée en 2023.
- Une réduction de 38 % des prélèvements d’eau potable sur ses sites à haut risque.
Cependant, certains points nécessitent d’être approfondis. Par exemple, HP revendique une circularité de 40 % pour ses produits et emballages en masse en 2023, et met en avant son objectif de 75 % d’ici 2030. Mais que signifie réellement cette mesure ?
C’est quoi la circularité des matériaux ?
La circularité est un autre fer de lance du greenwashing. Comme d’autres grands fabricants, HP met régulièrement en avant son pourcentage de matériaux recyclés ou renouvelables dans ses produits et emballages. Cependant, la définition du terme « matériaux renouvelables » est généralement floue et les géants ont tendance à en abuser.
Selon la définition donnée par HP dans son manuel pour le calcul des mesures de circularité de HP pour l’année fiscale 2023 et d’après la définition donnée par la GRI, les matériaux renouvelables sont des matériaux provenant de ressources abondantes qui se reconstituent rapidement par les cycles écologiques ou les processus agricoles, de sorte que les services fournis par ces ressources et d’autres ressources liées ne sont pas menacés et restent disponibles pour la génération suivante.
Dans ce même document, HP définit les matériaux recyclés, d’après la définition ISO 14021, comme des déchets qui ont été retraités ou traités au moyen de processus de production ou de fabrication et transformés en un produit final ou en un composant destiné à être incorporé dans un produit.
Cependant, le recyclage est une solution partielle, non circulaire et énergivore.
Un impact non négligeable
Les matériaux recyclés utilisés dans les produits HP mis en avant sont surtout ceux les plus simples à récupérer (plastique, aluminium, etc.). De multiples métaux sont pourtant nécessaires à la fabrication d’appareils électroniques, et leur extraction et leur transformation ont pourtant un impact colossal :
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Au niveau environnemental :
- L’exploitation minière des métaux est extrêmement destructrice pour les écosystèmes. Elle entraîne la déforestation, la pollution des sols et des eaux, et des émissions massives de CO₂. Par exemple, l’extraction de cobalt en République Démocratique du Congo (RDC) dégrade des zones naturelles critiques.
- Le recyclage reste une solution limitée : énergivore, partielle (non circulaire), et elle ne remet pas en question la croissance constante de la consommation de ressources naturelles. Parler de « circularité » dans ce contexte relève d’un certain greenwashing.
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Au niveau humain :
- L’exploitation minière, particulièrement dans les pays en développement, est souvent associée à des conditions de travail inhumaines, au travail des enfants et à des violations des droits humains. La RDC, qui fournit environ 70 % du cobalt mondial, illustre ces enjeux.
- Les conflits armés liés aux ressources minières, surnommés « minerais de sang », aggravent l’instabilité de nombreuses régions productrices.
Pourquoi cela pose problème ?
Se concentrer sur le recyclage des matériaux faciles à récupérer ne répond pas aux véritables enjeux écologiques et sociaux posés par l’industrie électronique.
Les métaux critiques, essentiels aux technologies modernes, sont au cœur d’une double crise environnementale et humaine :
- Une raréfaction alarmante : L’extraction continue de ces ressources, déjà limitées, met à risque la pérennité de toute la filière technologique. En l’absence d’une stratégie robuste pour leur recyclage ou leur substitution, nous faisons face à une impasse qui ne cesse de s’aggraver.
- Un coût humain et écologique inacceptable : Derrière chaque gramme de cobalt ou de néodyme se cache une empreinte souvent invisible : celle des écosystèmes détruits et des populations vulnérables sacrifiées au nom de l’innovation.
Ce modèle ne pourra pas tenir sur la durée. Bien que HP mette en avant ses efforts pour améliorer la « circularité », ces initiatives ne s’attaquent pas à la racine du problème : une dépendance croissante à des ressources critiques dont la quantité est limitée. Cependant, le géant montre également des signes d’engagement en faveur d’une industrie plus responsable.
Vers une chaîne de valeur plus équitable
HP a été reconnue pour ses actions visant à lutter contre le travail forcé et à promouvoir une chaîne d’approvisionnement plus éthique. Des organismes tels que KnowTheChain et EcoVadis saluent ces démarches, qui témoignent d’une réelle prise de conscience des enjeux sociaux dans l’industrie électronique. Cependant ces efforts doivent être renforcés pour aller vers une transparence totale et avoir un impact mesurable sur l’ensemble de la chaîne de valeur.
L’accès aux pièces détachées : un point bloquant
Une des critiques qui lui sont faites reste la difficulté d’approvisionnement en pièces détachées. Souvent disponibles uniquement auprès de revendeurs spécialisés, elles nécessitent l’ouverture de comptes professionnels, ce qui complique leur acquisition pour les particuliers. Cela freine les efforts de réparation, pourtant essentiels pour allonger la durée de vie des produits. Cependant, les volumes conséquents des gammes HP pro font que la plupart des pièces sont trouvables longtemps (~vérifié jusqu’à 7 ans sur certains modèles) après la sortie de chaque modèle auprès de fournisseurs spécialisés.
Toutefois, avec le lancement du programme HP Renew, HP amorce une transition vers davantage de reconditionnement et réemploi pour allonger la durée de vie de chaque appareil. Si ce programme se répandait et se simplifiait, il pourrait contribuer à réduire significativement l’impact environnemental de ses appareils. Nous espérons voir davantage d’efforts aller en ce sens.
Une transition à approfondir
Nous sélectionnons toujours nos équipements en privilégiant les critères de réparabilité et de durabilité des appareils, afin de minimiser leur impact environnemental et de prolonger leur durée de vie. Nous faisons cependant attention aux implications éthiques des choix technologiques et aux responsabilités des entreprises dans le contexte géopolitique.
Bien que HP affiche des avancées notables, ces dernières restent insuffisantes face à l’ampleur des enjeux. Une véritable transformation vers une électronique durable ne pourra se limiter à des améliorations progressives : elle nécessitera une remise en question profonde du modèle industriel. Moins d’exploitation des ressources, plus de réparabilité et une transparence accrue seront les piliers d’un changement durable. HP est en chemin, mais il sera long.